Nettoyage / Buff! Buff! Buff!

L’avantage des autocollants et des affiches c’est qu’on les prépare au chaud chez soi, sans trop de contrainte. Du coup on peut présenter quelque chose dans la rue dont on est à peu près satisfait. Parfois les gens n’aime pas ça. Ils trouvent ça moche ou peut être qu’ils ne supportent pas l’idée que l’objet collé sur le mur représente un acte non autorisé. Du coup ils arrachent la pièce pour retrouver un mur propre, un mur silencieux et rassurant.

Vous allez me dire que ça se tient. Perso ça me fait toujours un peu chier quand ça arrive trop tôt mais j’arrive à concevoir ce geste. Ma caboche bloque lorsque le petit bout de papier que j’ai collé soigneusement sur un support se retrouve a moitié arraché. Merde! J’ai bien insisté sur les angles, j’évite les bulles d’air, j’essaie que ça ait un minimum de gueule… alors j’attends de celui qui me nettoie d’y mettre autant de cœur et de gratter méticuleusement. Faut pas rêver! Ces gens si propre et si soigneux le sont rarement jusqu’au bout, il tombe vite dans la facilité du travail a moitié fait.  Le soucis avec le demi-arrachage c’est qu’on obtient un demi-sticker, plus trop lisible, tout moche, que les amateur d’étiquettes ne peuvent pas vraiment apprécier et que les maniaques  de  la propreté déteste encore plus.

Pour moi il est là le vandalisme, pas dans l’arrachage (quoique) mais dans cette pulsion maniaque et incohérente qui crée un nouvel objet qui n’a plus rien d’appréciable.

Tout ceci nous amène à ces deux images, une provenant de San Francisco, l’autre d’Oakland. Rien à voir avec les autocollants (pour une fois). En fait mon intro/coup de gueule est quasiment inutile vu que je ne voyais pas l’intérêt de montrer des étiquettes arrachées, ça se trouve facilement et ce ne sont pas des images qui me plaisent. En restant dans l’idée de nettoyage voici deux buff, deux nettoyages de graffiti qui m’ont bien fait rire. Ceux ci n’ont certainement pas été réalisé par des obsessionnels du mur blanc. J’imagine aisément qu’il s’agit ici de l’œuvre d’employés sous-payés qui ont de longues journées de travail qui se foutent totalement de ce qu’ils repassent.  Le hasard de leurs gestes, emplis d’un désintéressement profond, créé néanmoins de fascinantes images.



En y repensant ça me fait beaucoup penser aux questionnements soulevés par les peintures de Guillaume Mathivet dont j’avais été voir une petite expo il y a peut être deux ans. Quelques toiles dans une petites galerie. Un très bon souvenir. Toutes ces toiles tournaient autour de l’idée d’écriture (je suppose) repassée. Par des couleurs vives et lumineuses il soulignait cette acte qui crée la disparition d’une image et la destruction d’un message. Il y résidait un minimalisme qui créait comme une idée de lenteur ou du moins une pesanteur chaleureuse. J’aurais voulu m’étaler plus mais j’ai perdu la fraicheur de mon souvenir et je ne trouve pas grand chose sur Internet.

Avis aux connaisseurs, si vous avez des images a partager je suis preneur.

[Sorry fellows, no english translation this time. Next time the post will be way more open, way more international, so please keep me in your RSS 😉 ]

6 thoughts on “Nettoyage / Buff! Buff! Buff!

  1. KASHINK

    Lors de mon voyage à Moscou en avril dernier, j’ai été assez impressionnée par la quantité de buff dans cette ville. Il n’y a pas un tag qui ne soit laissé visible plus de 2 jours, même les vitres passées à l’acide sont remplacées!
    J’en ai pas mal discuté avec mon pote 0331C qui m’expliquait que la ville dispose d’un budget conséquent pour cela et qu’une véritable horde de travailleurs immigrés (très méprisés par la population par ailleurs) venus de pays tels que le Kazakhstan, l’Ouzbekistan et autres Tadjikistan sont payés à passer leurs journées à repeindre la ville.
    On tombe donc à tous les coins de rue sur des murs composés de “rectangles” buffés dans un genre de camaïeu sur les tons du mur d’origine.
    Il doit y avoir de quoi en faire un bouquin entier, chose qui m’a d’ailleurs traversé l’esprit…

    Quelques exemples:

    et le plus drôle: refaire un tag là où s’est fait buffer!!
    le support fait l’équivalent d’une cuillère a café, c’est dire jusqu’où ils vont…

    avant

    après

  2. Pingback: Koleo - Paris / Californie » Le Boeuf / Speaking about buff

  3. inos

    excellent post!! deux choses qui me plaisent dans le mauvais buff, d une part le buff “one line” :)) (comme su rt adeuxieme photos, c’est que ce genre de buff peut rester inact et non nettoyé (faut le dire, ca devraiot etre nettoyer ce genre pseudo travail mal realisé) pendant plusieurs annnées… ce qui est en soi pas mal pour le graffeur…
    et d’autre part, les buffs carrés, toujours bien réalisé dans un ton differents de la couleur meme du mur… ce qui laisse apparaitre un espace distinct , place ideale pour realiser un autre tag (qui lui aura droit a un beau cadre)…
    petite remarque au passage, j’ai croisé a barcelone une equipe de nettoyage anti graffiti…ils disposent a barcelone, pour nettoyer les graffitis de deux pots de peinture, un gris et un beige, avec lesquels ils realisent des melanges (directement sur le mur) dans le but d’obtenir la couleur originale du mur pour repasser les tagz… et ils sont pas mauvais du tout… ils avaient passer pas plus de 5min pour repasser un tag de taille normale et obtenir un carre quasiment invisible apres sechage de la peinture… ce que j appelerai un bon buff…

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