Ephéméroptère
Depuis quelques temps on a comme l’impression que la pub s’approprie l’esthétique urbaine et que le bourgeois s’encanaille. On peut le voir au niveau du graffiti avec des pubs super idiotes, comme celles pour 1664, les crêpes Wahou, ou encore Virgin « Get Busy ». Mais on constate aussi ce recyclage dans les outils employés, qui ont tendance à devenir ceux utilisés généralement par la culture de rue. Là je pense principalement aux pochoirs au sol qui annoncent maintenant la sortie d’album de musique et aussi les stickers, souvent pour des albums de rap et pour plein d’autres conneries. La pub, qui ne se gène pas pour modifier nos paysages avec des affichage de masse parfois illégaux essaie de ne pas franchir la ligne du vandalisme, enfin je devrais plutôt dire qu’elle cherche à faire du vandalisme « gentil »: affiches agrafées, peinture mais juste au sol, autocollants… Elle ne se soucie pas de rester des lustres, le but c’est d’être vue dans l’instant puis consommée.
En même temps, est ce aussi manichéen? Est ce que c’est le vilain monde de la publicité qui est venu sucer la nuque des innocentes cultures urbaines? Je pense qu’il y a plein d’échanges et de mélanges entre ces deux mondes. Après tout, les peintres ont depuis longtemps su recycler les outils que la société industrielle mettait à leur disposition. Pour ne prendre qu’un seul exemple on peut penser à l’emploie de la peinture acrylique qui est passé de l’industrie à une utilisation artistique. Un exemple qui nous concerne plus est l’emploie des autocollants. A l’origine on les trouvait un peu partout sur les objets manufacturés, sur les emballages ou encore à titre signalétique. On peut également penser aux bombes aérosols qui existaient bien avant le graffiti. Bref, ça ne va pas que dans un sens. En fait le changement que je remarque depuis ces dernières années c’est que la pub, cet outils capitaliste qui était déjà bien présent dans nos rue, s’attaque désormais aux (petit) supports utilisés habituellement par les colleurs d’autocollants.
Il y a un an ou deux Dim (les slips) avait lancé une petite campagne dans les rues parisiennes. En quelques jours on a vu apparaître sur nos murs, nos cabines téléphoniques et nos gouttières un charmant sourire coincé entre une frange et une bretelle de soutien gorge. Un sticker? Pas vraiment. C’est ça qui était rigolo, c’est que l’objet était une petite étiquette au dos plastifié. Un plastique apparemment spécial, dont la conception me dépasse, mais qui avait pour propriété d’adhérer au surfaces (surtout lisses) et d’être repositionnable à l’infini. Vu que ces « re-collants » squattaient les mêmes spots que les autocollants j’ai vite pris l’habitude de les récupérer… puis même de les chasser. A force j’en ai eu une petite quarantaine. C’est marrant comme les gens qui ont les mêmes pratiques développent les même réflexes. En en parlant plus tard j’ai appris que d’autres acteurs du monde du sticker avaient leur petite collec’.
Dans cette idée de récupération à ramification, je me suis dis qu’il fallait bien en faire quelque chose. L’idée n’est pas compliquée, j’ai juste récupéré l’objet que j’ai transformé à l’effigie de mon insecte. Outre le recyclage d’un outil publicitaire, ce ré-emploie permet de se jouer de plusieurs aspect du collage, puisqu’il y insère la possibilité de décoller sans détruire. Que ce soit l’appropriation du lieu, sa dégradation potentielle, le rapport au spectateur et peut être aussi le rapport aux collectionneurs/arracheurs.
J’ai remarqué que les critiques négatives vis à vis du stickers (et même celles concernant les affiches) sont plus liées au caractère transgressif « Vous avez une autorisation pour faire ça? » plutôt que sur ce que rerésente l’image. C’est le geste qui dérange. Et l’audace de celui qui l’ose. C’est le fait d’apposer sa marque de façon presque indélébile (on s’entend bien, ça reste extrêmement relatif) qui gène plus que la marque elle même. D’ailleurs on retrouve ça avec les tags; 3615 peut en parler beaucoup mieux que moi. Les tags à la craie ont tendance à rester assez longtemps. Alors qu’un coup de marqueur va être nettoyé systématiquement. C’est le caractère potentiellement éphémère qui donne donc à l’inscription son indélébilité. Je trouve ça toujours fou de voir à quel point les gens sont conditionnés, jusqu’à ne plus être capables de voir une image et de n’y voir plus que son statut. Alors voilà; je tente l’experience du sticker « gentil » et non transgressif qui se joue de toutes ces questions. Pour l’occasion je vais même baptiser ce nouvel objet: autocollant à la craie.
Eternally unstickable
Okay guys, I’m pretty lazy to make a real translation of my text. Let say that since a while, advertising companies seem to enjoy recycling street cultures. First of all you can see it by the direct use of Graffitis in ads, most of the time in a stupid way. But something which is more interesting to me is the apparition of a new kind of campaign. This time advertising companies use tools usually owned by the street cultures. Now you can often see stencils to announce a new music album, stickers for a hip hop mixtape and a lot of other bullshit. Ads which don’t hesitate to change our landscapes with their tones of billboards (sometimes illegally) are still too shy to pass the border of street vandalism. Or should I say that ads decided to do vandalism but in a light way. They use paint only on the floor, clasped posters, stickers…Their goal is not to stay a long time, it’s just to be seen on the moment to be consumed right after.
Is the absorption of a culture by another so Manichean? I think that there are a lot of connexion, in many ways between underground cultures and advertising methods. In a larger way you can notice a lot of exchange between industry and art, like the use of acrylic paint by artists. My point is that for a while ads are taking the spots which were used by sticker artists, the little spots that no one care usually. The purpose of this text is linked with a particular object, made for an advertising campaign. It’s looking like a stickers, but the back is not glued, it’s a weird plastic. I don’t know how but this plastic is able to adhere to any surfaces (especially the flat ones). You can take it off and on again, as soon as it’s clean it keep working.
Two years ago, Dim (an underwear brand) started putting these plastic-stickers on phone booths, gutters, posts. I noticed them quickly, because there were exactly where my eyes look (hoping to see new stickers). So I started hunting them. Actually I heard later that other people who make stickers had a collection of them.
In this idea of multi-recycling culture, I thought I had something to do with it. The idea was pretty simple. I just put my logo on them. Because these objects can be removed without being destroyed, it’s a way to play with the (sociological/artistic) questions of appropriation of a place, its potential deterioration, relationship with a public, relationship with collectors/tearer, the ephemeral, the trace.
Doing my stuff I noticed that most of the negative criticisms were coming from the act of transgression, more than the image itself « who allowed you to stick it there? ». The gesture annoys the critic as much as the audacy of the one who dare doing it. People don’t seem to be so much pissed by the mark/track/trace. Nothing but its statute seems to interest them. Our dear 3615 can speak about it way better than me, chalk tag can stay forever whereas ink ones which are removed in a couple of days. I’m always amazed by how people can be conditioned, until not being able to look at an image without seeing anything but a transgression. Finally the ephemeral potential of an image gives it all it’s indelebility. In this spirit I decide to baptize my re-use of the Dim plastic stickers: Chalk-stickers!