Dimanche dernier dans une sandwicherie vietnamienne. Je cède comme souvent a mon péché mignon, un BBQ Chicken sandwich. Je paie avec un billet de 5$, on m’en rend la moitié. Sur l’un des billets je remarque une inscription. Curieux de nature je n’oublie pas de m’y attarder en rentrant chez moi. Sur ce billet de 1$ a l’effigie du président George Washington je lis “WheresGeorge.com”, sur l’autre face (juste en dessous du fameux In God we trust) un second coup de tampon m’indique que ce billet est référencé.
Le temps de lancer Firefox, me voila sur le site en question. On m’invite a entrer le numéro de série de mon billet et hop je peux suivre son parcours jusqu’à moi.
A dire vrai ma prise n’a pas été si folle. Référencée une seule fois avant moi dans la même région. Peu importe, je trouve ce jeu tout simplement GÉNIAL. Une série de billet est marquée, puis jettée dans la nature. Chaque personne qui se prend au jeu peut référencer où et quand il a eu un des billets en main. Google map aidant on peut ensuite voir le parcours de ce dollar a travers le temps. Un peu comme si on se renvoyait des bouteilles par mer interposées. Sauf que la tentation de garder l’objet pour son aura est moindre. On finit par craquer et par dépenser son argent, le jeu peu ainsi continuer. Et puis forcement ça m’a fait penser a Où est Charlie? et je me suis senti chanceux comme un cocu d’avoir eu un des exemplaires en main. Et en ces temps de crise, si on peu s’amuser avec l’argent, même s’il ne s’agit que d’un dollar, autant en profiter.
Last week. Walking through Chinatown. As usual I can’t resist to go to my favorite Vietnamese place for a (delicious) BBQ Chicken Sandwich. I gave a 5$ bill, I got half of it for change. On one of the bills I noticed a weird mark. Once home I looked at it again. (I can be pretty curious sometimes.) On one side of the bill I read “WheresGeorge.com”. On the other one another a stamp mark that said that this bill is referenced on the website. Two minutes later I’m on and they invite me to enter the serial number of my treasure.
To say the truth, the bill I found didn’t give me such a crazy result. But I just LOVE this game. A series of bills are marked, then released in the public. People buy stuff, get change, etc. The money moves really fast. If people notice the stamp the can play the game. Then Google map provide you a precise map, where you can see where and when your bill has been. It’s a big bottle at the sea game. Of course you can think about Where is Waldo. The fact that money is the medium is perfect, people keep using it. And especially during this time of financial crisis, what a pleasure to play with money, especially when it’s so cheap to play.
Je sais, j’avais un peu abandonné le blog. Plusieurs raisons: un déménagement, du désintéressement face à ce que je voyais dans la rue et puis d’autres préoccupations. J’ai faillit dire l’hiver mais ça aurait été un beau mensonge, il fait super beau en Californie en ce moment. Ah si, il y a l’atmosphère. Ici les gens débâtent moins, ils sont moins en contradiction, les discutions restent assez lisses (je crois que c’est une forme de politesse, mais je n’en suis pas tout a fait sur), du coup c’est pas très stimulant.
De toute façon on s’en fout puisque je me remet en selle. Une nouvelle ville, une nouvelle région s’offrent à moi. J’ai déjà quelques sujets en tête. C’est juste une peu plus difficile d’aborder certaines questions, c’est pas comme à Paris ou je peux débarquer avec mes wagons de certitudes. Les peintures de rue sont incontestablement liées à leur environnement, ici je suis un peu plus qu’un touriste mais toujours loin d’être un local. Donc va falloir que j’y aille a taton pour pas dire trop de bêtises. Et que j’essaie de pas trop jouer de comparaisons, ça serait vite lourd.
A demain.
Don’t call it a comeback
A new year! Time to wake up this dusty blog. I deserted it for various reasons: less things to say, some changes in my life, a real disinterest in most of the paintings I was seeing in the street and more than all a need to adapt to this new place. I almost said winter, but it wouldn’t be true; the weather is so good here in California! By the way I could also add the atmosphere. Here, people don’t debate that much, I feel like contradiction is less strong than in the French culture… that’s not really stimulating.
Never mind, I’m already working on some subjects. A new town, a new state. Just a little bit more complicated to speak about certain questions. Street paintings are incontestably linked with their environment. I’m not a tourist, not yet a local. Nothing is really certain; in Paris I feel way more comfortable. Therefore I’ll have to deal with my certitudes without saying too much bullshit.
Avant toutes choses, allez lire le billet de Frère Francis Quinze auquel je répond/ajoute mon grain de sel. Je rebondis plus précisément à sa remarque sur ce qu’il appelle le « graffiti originel » qu’il décrit plus loin comme du « graffiti innocent ». Ces deux mots: originel et innocent, font jaillir dans ma tête deux images, donc deux petites anecdotes.
La première concerne le mot « innocent ». Elle date d’il y a un an ou deux et se déroule Place d’Italie. Un autocollant sur une gouttière. J’y lis: Mareck innocent style. Ce sticker est parfait car tout concorde, l’innocence du trait, l’utilisation de feutre, le lettrage et son tracé maladroit. À la seconde où je le vois je le veux pour mes archives. Bon, comme à mon habitude je prend une ou deux photos, mais là ça ne me suffit pas. L’ennuie c’est que je fais partie de ceux qui s’accrochent à cette règle qui veut qu’on n’arrache pas les stickers des autres (hum hum!). Bon on peut s’accorder une exception ou deux, mais là malgré mon envie je ne voulais pas, ça aurait tué l’innocence de la pièce. Du coup j’attends, je le guète. La chance me sourit enfin un samedi après-midi. Il se trouve que la gouttière était le long d’un café. Café qui se trouve être en travaux de rénovation. Donc ce fameux samedi, je m’en approche comme à mon habitude et là « merde! » plus rien. En refaisant la façade ils ont du nettoyer autour. Un peu dépité je scrute le lieu quand je remarque au sol un bout de papier sale et mouillé. He he he! Telle une feuille en automne le stickers était tombé. J’ai pas hésité à le cueillir. Maintenant il a une jolie place dans mon book et j’en suis super content. Ce petit objet insignifiant a pris une grande valeur pour moi du fait même qu’il soit sans prétention.
Autre anecdote, beaucoup plus ancienne cette fois-ci. Ça se passe au croisement de la rue Gassendi et de la rue Daguerre. J’étais enfant et je n’avais aucune culture graffiti. Malgré tout je tombe face un store sur lequel je vois, écrit au marqueur « C’est 1 suicide for you ». Le « for you » était écrit différemment, il n’était pas d’origine. Mais la phrase se lisait d’une traite. Je n’y vois toujours aucun sens. Mais je suis passé devant 1000 fois et j’ai jamais réussit à ne pas la lire. C’est devenu comme un de ces slogans publicitaires. Je l’ai casé dans mon cerveau a coté d’un « Just do it » qui n’a d’ailleurs pas beaucoup plus de sens. Cette victoire de l’impacte visuelle, des mots et du lieu, sur la signification cristallise pour moi tout l’intérêt des interventions urbaines que l’on peut qualifier alors d’ « originelles ». Et ces deux exemples le montre bien. Parfois, sans raison apparente, on tilte sur quelques mots qui sont jeté sans sur le mur comme ça à la hâte.
Je suis curieux de nature. En commençant à peindre je me suis assez vite documenté. Donc forcement je me suis intéressé à la scène graffiti dite Hip Hop. Entre magazines et films l’éventail est assez riche. Pour les films je me suis fait la série des grands classiques 80’s New-yorkais. Ça m’a amusé, ça m’a marqué mais je ne m’en suis pas senti proche. En tant que colleur d’affiche et d’autocollants c’est pas facile de trouver ses références.
Heureusement le Hip Hop garde cette qualité de stimuler l’envie d’explorer d’autres pistes. Comme quand on cherche le morceau d’où provient un sample. Ahhh! Quel bonheur ce fut de découvrir Nina Simone! Donc à force d’errance j’ai fini par découvrir un reportage des plus passionnants intitulé Who is Bozo Texino. C’est réalisé par Bill Daniel. Il dure à peine une heure. Pourtant c’est très riche au niveau visuel. Je n’ai pas le vocabulaire pour décrire la qualité du noir et blanc mais il y a une certaine intensité et des petits défauts qui donne beaucoup de charme à l’image. Aussi pour son sujet. Ce documentaire expérimental s’intéresse à la culture Hobo (des vagabonds qui se déplacent de train en train à travers les États Unis). Certains d’entre eux ont pris l’habitude de marquer leur passage à la craie sur les wagons. Chacun adopte ainsi un nom et un logo. C’est intéressant que Bill Daniel ait dépassé l’image du « punk à chiens » pour y trouver des individus qui savent rester infantiles et poétiques.
On a beau rester dans le monde du train, j’y vois plus de liens avec les autocollants qu’avec les graffiti sur roulants. Surtout par rapport au format, petit, discret, le logo se perd au milieu du wagon. Le dessin s’adresse donc à ceux qui côtoient ses trains de près les Hobos ou les employés du réseau ferroviaire. Ils restent invisibles à ceux qui ne prêtent pas attention à cette culture. On sent une recherche d’identité et de reconnaissance qui se limite à ses pairs, beaucoup plus forte qu’un besoin d’être connu à tout prix.
C’est là que le mot originel revient. Quand l’éraflure vient d’une pulsion et n’est destinée qu’à soi et un petit réseau de personnes. On retrouve ce besoin de retour au source chez différents artistes lorsqu’ils s’expriment. 3615 qui parle d’originel nous rappelle Fuzi qui parle d‘ignorant. J’ai en tête le style main gauche employé par les Frères Ripoulain il me semble. Perso j’ai une préférence pour le mot spontanéité. On a encore le crackism ou le classique toy. Des expressions employées par des peintres pour en décrire d’autres. Les significations varient mais on reste sur l’idée d’un retour à une peinture/un dessin qui se définit par le geste, sans contraintes, sans complexes, sans prétention.
En ces temps de crise et d’élections sur-médiatisé ça fait du bien de respirer un peu et de donner à l’Amérique un autre visage, usé par le voyage et l’errance, souriant, les yeux plongé dans l’horizon. Une petite population qui vit en marge de la société avec d’autres valeurs. Pendant le film, un phrase apparaît furtivement, un peu comme le fameux « From here to fame » sur un wagon de train New Yorkais; sauf que là le message est à l’opposé: « Nowhere… fast ». Je suis trop attaché à mon confort pour expérimenter ce genre de vie, j’en suis très loin, mais ne serait ce que parce que même avec ce décallage je peux partager un certains nombres de sentiments avec ces voyageurs, je ne serais trop vous conseiller de voir ce petit bijou dont voici quelques extraits.
Nowhere… fast
Before reading this post, go read the article of our dear Brother Francis the Fifteenth. This is an answer/a participation to one of his idea about what he calls « original graffiti » (original as something belonging to the origin). Later in the text he even qualify this kind of graffiti as innocent. These two words: innocent and original are really meaningful to me. Immediately I have two images in my mind, and two little stories to tell you.
The first one is a flashback, one or two years ago. Place d’Italie, in the south of Paris. A sticker on a gutter where I can read « Mareck Innocent Style ». It was just perfect, everything in this little image was coherent. The use of bad felt-tip pens, the lettering, the innocence of the line and its clumsiness. I just wanted it for my archives. Of course I took a couple of pictures, but for this one time I really wanted the object. The thing is that I belong to this kind of people who don’t tear off stickers from the street. Okay, sometimes we can make an exception, but not here, it would have kill all it’s innocence. So like a fisherman I wait. It was stuck on a café which was in alterations. On a wonderful Saturday afternoon I went there to look at it one more time « Damn! » nothing left. They must have cleaned it. Totally disappointed I staid there and looked around. I saw a piece of paper on the floor, all wet and dirty. Perfect, that’s it, quietly waiting for me. Now it has a good place in my book. It get a huge value to me coming from its modesty.
Another story, way older. When I was just a kid and I had no interest for any kind of art, I saw a line tagged on the blind of a store: « C’est 1 suicide for you », half French/half English, meaning « This is a suicide for you ». That was not making any sens, but I walked in front of it may be 1000 times. Each time I had to read it, I couldn’t control myself. Exactly like a stupid motto on an advertise. I put it in my mind close to « just do it », which was as stupid by the way. This is the victory of the visual impact (coming from the words and the place) over the signification. To me this victory is the perfect example of what I enjoy in street paintings, that one could call original. These two examples underline that we can be attracted by some words thrown on the wall without any obvious reason.
I’m curious by nature. When I started to paint I needed documentation. Of course I looked at the Hip Hop culture: graffiti magazines and movies. So I watched the classic 80’s movie about New York. Pretty fun. Nothing really meaningful to me, as a sticker and poster maker it’s not so easy to find references. Fortunately, Hip Hop keeps this capacity to stimulate your curiosity and your need to explore new cultures. Like when you hear a good song and you want to know where does the sample come from. What a pleasure to discover Nina Simone! So with time, keeping my mind open I found a passionating documentary untitled Who is Bozo Texino. It’s directed by Bill Daniel. Barely an hour but really intense visually. I don’t know the specific words to describe the quality of the image, let say that the black and white is beautiful and got enough defaults to give it some appeal. Also the subject is fascinating. Bill Daniel followed Hobos (vagabonds traveling by train across the US) during years. Some of them mark their trip by writing their name or a logo on the wagon. It’s a real culture. That’s great to see beyond the bum and discover childish and poetic people.
Despite it’s still about trains, I find more links between boxcar artists and stickers than with graffiti on train. Especially because of the format, little and discrete. The drawing get lost in the middle of a wagon. Only people who live close to the trains (hobos and railroad workers) can see them. They stay invisible to the one who don’t pay attention to this culture. It seems to be a quest of identity inside of their subculture, more than a need of fame.
Original, when the scratch comes from an inside feeling, a need of expression dedicated to its author or a little group of people. Different artists speak about this need to come back to the source: 3615 speaks about original and remind us Fuzi who use the expression ignorant style. I also remember les Frères Ripoulain speaking about left hand style. Personally I prefer using the word spontaneity. One could also say crakism or the more classic toy. Different expressions to describe a drawing/painting which go back to the simple gesture, without constraint, complex or pretension.
Between the financial crisis and the American election this is so good to breath and give another face to America, a smiling face eroded by traveling, the eyes lost in the horizon. A part of the Americans got other values. In the middle of the movie, you can read some words on a train which reminded me the famous « from here to fame » on a New York subway train. Here the meaning is just at the opposite “Nowhere… fast”. I love comfort way to much to try to be an hobo, but if I can share some feelings even with this huge gap I will never insist enough to make you watch this pure moment of happiness. Now I let you watch these two extracts.
À force de pratiquer toutes ces activités de peinture en milieu urbain on s’habitue à avoir les mains sales. C’est un classique, alors qu’à l’origine elles sont plutôt propres. Une petite fatalité qui traduit un changement d’état d’esprit. Pour moi ça a commencé tout bêtement par la peinture. Une tâche sur la moquette, quelques gouttes sur les pompes. Ça fait chier la première fois. Et hop! Il faut nettoyer, l’acétone est sous l’évier et l’éponge à vomi du chat est réquisitionnée. Un soir de semaine, la télé en fond sonore, une forte odeur de peinture et de solvant dans la pièce, à quatre pattes à frotter en se disant « La prochaine fois je mets un sac poubelle par dessus ». La prochaine fois justement, c’est au tour du pantalon. Il est condamné à devenir le tablier du dimanche après-midi. Mais en semaine aussi on fait des bêtises. Au bout de trois jeans la penderie y est passée. Finalement c’est pas plus mal un peu de couleurs, ça donne de la vie à la monotonie du bleu marine. « Fais gaffe, ton pantalon est sale » « Non, non! C’est de la peinture. ».
Pour les mains idem. Je me revoit encore frottant consciencieusement le contour de mes ongles. Jusqu’au jour où l’association d’un vert bouteille et d’un orange m’a plu, en même temps il n’y en avait plus beaucoup. C’était peut être juste par flemme en y repensant. Bref, les mains pleine de peinture c’est une mauvaise idée, c’est pas vivable. Par contre quelques coloration au bout des doigts ça reste discret et ça part tranquillement. Voilà, on s’est habitué à la chose. Vu les couches qu’on met sur les murs c’est pas chère payé d’en avoir quelques gouttes sur soi.
Mes premiers collages se faisaient à la brosse, tenue délicatement du bout des doigts. Maintenant ça se termine souvent avec les mains pleine de colle à caresser le mur. D’ailleurs c’est exactement le même geste que je fais lorsque je pose mon autocollant. Avant pour essuyer la poussière. Après pour être sûr que les coins ne se décollent pas.
Tout ça pour dire que par cette douce acclimatation à la saleté on forge aussi son œil à apprécier différemment ce que nous offre la ville. Ce changement de regard a surement d’autres origines (culture, expérience, rencontres, curiosité, etc). D’un coup tout prend une nouvelle dimension. Si on est capable d’apprécier un graff, un sitcker ou une affiche, on arrive à trouver agréable le spectacle d’un mur fissuré, d’un peu de rouille sur une gouttière ou encore de quelques traces d’humidité… grosso modo on se retrouve souvent a avoir l’œil qui brille et à oublier l’odeur de pisse dans laquelle on baigne. D’après moi ça dépasse la beauté que l’on peut trouver dans la banalité. C’est peut être plus une capacité à trouver un certain charme à la disgrâce. Un peu comme quand on dessine un nu et qu’on cherche le bourrelet, le bout de gras, la cicatrice ou un pli de peau.
Voilà. Toutes ces explications pour justifier ces deux photos. Je les ai prise il y a deux jours en allant faire des courses. La première c’était au sol, sous un arbre. Des crottes de pigeons je pense. A Paris on a l’occasion d’en voir assez souvent. Jamais de cette couleurs. Ça m’a surpris. Pour le coup ça n’est pas facile à rendre en photo sans que ça ai l’air truqué. Ce bleu violacé était totalement improbable. Magnifique par sa rareté et son intensité. Juste après j’aperçois un graff, un chrome, un peu caché. Je m’approche. Une porte de service. Un lieu légèrement reculé de la rue. Je n’y avais jamais prêté attention. Pas beau ce lettrage. Plein de spontanéité et de maladresse. Je ne sais pas pourquoi mais je lui ai trouvé une sorte de cohérence avec le lieu.
Deux images qui me font prendre conscience que mon regard a changé. Qu’il a évolué plutôt. J’ai appris à apprécier de nouvelles choses. Comme si il y avait différentes grilles de lecture à travers la ville. Plus jeune je me demandais comment on pouvait vivre en ville sans s’intéresser au graffiti. Ils sont omniprésent, comment les rater? Puis j’ai compris que moi aussi je ratais plein de choses. En prenant conscience que je devenais sensible aux impasses un peu crades j’ai compris que la ville était riche de chose qui me touchent peu. Le meilleur exemple est l’architecture. C’est vraiment quelque chose qui ne me parle presque pas. Pourtant je comprend que ça puisse être passionnant. Ca finira sûrement par changer, mais pour l’instant je me contente de ce qui est plus à mon échelle. Comme ici, que ce soit à mes pieds ou face à moi. Ce que j’aime dans la découverte de peintures sur les murs de ma ville c’est le fait que systématiquement dans ma tête s’opère un mouvement de zoom arrière, où le graff me renvoie à son mur, puis à l’immeuble, puis au pâté de maisons, puis au quartier et enfin à la ville.
Deep, down and dirty
With the time and the experiences coming from urban paintings I get used to have dirt on my hands. Nothing original. It became normal for most of us despite we use to be clean. This change is a discrete fatality which underline a mutation in our state of mind. For me it’s started simply with the paint itself. A drop on the carpet, another on the shoe. Damn! Time to get some cleaning supplies under the sink. « Next time I’ll protect everything with a bag from Trader Joe’s ». Yeah, next time the drop is for my pants. Let’s keep it for the art and craft Sunday afternoons. After three jeans your closet is done. Serioulsy, is that so bad? These few colors give some life to the eternal dark blue. « Hey, be careful your jean is dirty, you dropped some food on it » « No! Don’t worry, that’s just some paint! ».
Same story for the hands. Sunday evening. The room stinking paint and solvents. The noise of the TV for background. Me, conscientiously cleaning my fingertips with the scratching part of the sponge. Until the day I saw some dark green and orange on my nails. This combination was not so bad. I decided to keep it like this. Perhaps I was just lazy. It’s really not possible to live with your hands full of spray paint. But nothing goes against some discrete drops. They will slowly go away during the week. Here it is, you’re used to it. And seriously, thinking about all the shit we put on walls, that’s fair enough.
When I remember the first times I put posters down the street, I can see myself, delicately holding the brush, being careful to don’t have any glue on my clothes. Of course I’m not going to crawl in the mud. Nevertheless I have no more hesitation to have the fist full of glue and to caress the poster to be sure that it’s flat. By the way it’s exactly the same gesture with stickers. A first caress to check if there is not too much dust, a second one to be sure that corners are stuck well.
All these words to say that by this acclimatization to dirt we also modified our look on what the city shows us. I’m pretty sure that change in the look has various origins (culture, experiences, meetings, curiosity, maturity, etc). Suddenly all your environment takes another dimension. If you are able to enjoy the view of something as « ugly » as a graffiti or a sticker what about a broken wall, a rusty gutter, moisture marks? Ruthly speaking, for some years, I had been finding myself smiling at a walls forgetting (for some seconds) that it was stinking pee all around me. This mutation in the look is not just about being able to appreciate the banality of life. It’s more about finding interest in the disgrace. Exactly like drawing a nude, you fetch for a scar, a fold in the skin, some fat or other wrinkles.
Now I can explain why I decided to show these two pictures. Two days ago I was going to the supermarket. Pure routine. On my way I saw some pigeon poo. As a parisian this is still pure routine. But this time the colors were amazing. A purple-blue. Something I’ve never noticed before. It’s hard to translate the intensity of these colors by a photo, but I surprised myself taking the camera in my pocket and shoot at it. Few meters away I found a graffiti. It doesn’t seems to be new but I didn’t see it before. Ugly letters on a discrete back-door. I don’t know… may be the atmosphere, the spontaneity, the moment, something seemed coherent to me. Once again my camera went out of my pocket.
Doing it twice in ten minutes made me understand that I changed. Some years ago I don’t think I could find some beauty in poo or on a cracked-graffiti. It’s like an evolution in my mind. I don’t feel like I’m no more able to appreciate the same things, the range is just larger. I use to find unbelievable not to see graffiti when you are in a city, they’re everywhere, so visible. Then I wondered if I was not missing a part of what the city give to us. By being sensitive to dark streets I understood that the city is rich of things that I don’t pay attention to. Example: architecture. Certainly because I stick to things which are at my scale. But I know this is something which deserve to be known, it’s too early for my mind. What I like in human size views (like a painting right in front of me, or poo between my feet) is the capacity of the human mind to operate a zoom out movement: the wall leads me to the building, then to the block, to the neighborhood, to the city!
Ayè! On est lundi, ce qui achève un week-end end assez intense qui commence jeudi soir avec le collage d’une œuvre de Jacques Villeglé au M.U.R. ( Les détails sont chez Vito ). Villeglé? Pas si évident à prononcer ce nom. Mais attends c’est qui déjà? Ah ouais, une prof d’art plastique m’en avait parlé au lycée, quand je lui avais montré un de mes collages. Ça me rappelle aussi une soirée rigolote durant laquelle je m’étais retrouvé dans un appartement très bourgeois dont les fenêtres donnaient sur la Tour Eiffel (Pour de vrai, hein! Je ne te parle pas d’une vue que tu as du fin fond des toilettes sur la pointe des pieds). La famille était liée avec les Guggenheim, si je me souviens bien. Du coup ils avaient une jolie collection de peintures dont deux toiles de Villeglé. Ah! Et puis il y a Beaux Arts magazine qui lui consacre un article à l’occasion de sa rétrospective à Beaubourg. Bon bah j’ai lu son nom un peu partout finalement, ça ne m’empêche pas d’avoir toujours du mal à faire la liaison entre le « Ville » et le « glé ».
En fait c’est lui qui s’est amusé à arraché les affiches publicitaires dans la rue pour les maroufler sur toile. Ainsi il a fait des collages assez interessant, au sens où il créé des rencontres improbables entre des images et parfois des typographies. Un petit amoncellement d’affiches déchirées, recollées, superposées. Il est bien dans la tradition du collage ou ses éléments de base sont des visuels créés par d’autres qu’il recycle pour recomposer une image. Alors je ne suis pas un gros fan mais ça me parle, au sens où je vois ce type de collage directement dans la rue. J’ai en tête un panneau d’affichage (ci-dessous) vu dans un couloir de metro, Porte de Choisy, qui venait d’être nettoyé. On avait arraché beaucoup de couches d’affiches. Du coup de vieilles couleurs un peu démodées avaient refait surface. Du Villeglé créé par le hasard. Une image peut être pas aussi forte mais interessante alors qu’elle ne résulte pas d’une volonté artistique.
Lorsqu’une affiche artistique à la chance de survivre quelques semaines dans la rue, même lorsqu’elle est partiellement déchirée, d’autres s’y greffent: par dessus, à coté, celles d’en dessous peuvent même réapparaitre. De fait le collage devient mouvant. On peut y ajouter les intempéries, l’usure de la ville et les interactions des passants. C’est ce plaisir de voir évoluer son travail, de le libérer, de l’offrir à la merci du temps et du nettoyage, qui me fait en partie comprendre l’art de cet artiste de 82 ans. Il recréé artificiellement le vécu d’un mur, en se servant de matériaux directement issu de la rue.
J’ai rarement eu le plaisir de voir une de mes affiches réellement survivre. Néanmoins j’ai en tête un collage qui date de début 2005. Un insecte rouge. En fait je l’avais peint pendant l’été 2004 puis je l’avais roulé et oublié. Je ne sais plus pourquoi mais j’avais la flemme de le coller. Un jour je suis retombé dessus. Je me suis dit qu’il méritait d’être un petit peu étoffé. Assez vite l’idée d’utiliser mon logo tel un blason, d’en faire une sorte d’armoiries, m’est apparue. Une branche de chaque coté, le nom au dessus, des couleurs simples et le tour est joué. L’affiche a trônée sur le mur d’une ancienne pharmacie pendant deux ou trois mois. D’un mur entièrement vierge on a pu voir passer les « Oui » et les « Non » à la constitution européenne, des publicité, des sorties d’albums, des spectacles, etc. J’ai pas pris beaucoup de photos à l’époque, j’ai juste ces quelques exemples. Ce qui m’a amusé c’est que les colleurs ont à peu prêt respecté mon collage. L’air de rien cet insecte triomphant m’a marqué, il m’a poussé à continuer à faire ce genre d’héraldique ( visibles ici: photo 39 à 64 ). Tiens, d’ailleurs ça serais marrant d’en refaire un à l’identique.
Retournons à jeudi soir. Pour l’occasion je me replonge dans l’article de Beaux Arts magazine. Il joue sur la personnalité du monsieur. On retrouve une tradition chère aux historien/journaliste de l’art, celle de vendre un artiste en suivant certains codes qui séduisent le public (à lire -si je ne me trompe pas- l’ouvrage de Nathalie Heinrich La Gloire de Van Gogh ). Je résume grossièrement. L’image d’un artiste, même talentueux, qui aurait étudié et qui plairait à l’institution n’est pas très funky. Ça sent le premier de la classe. On préfère souvent créer un petit mythe qu’on retrouve dans beaucoup de biographies. L’artiste autodidacte qui révèle son talent par le plus grand des hasards, qui surprend des grands noms de la peinture, qui vit en retrait, exilé, qui revient finalement tel le compte de Monte Christo prouver à l’institution qui l’a ignoré trop longtemps qu’il mérite d’être sous les projecteurs; ce type de portrait devient presque un classique. On en arrive à nier la valeur du travail, de la réflexion au profit d’un heureux hasard. On y perd aussi le savoir faire qui s’enseigne pour souligner d’une façon faussement modeste l’idée qu’une étincelle de talent suffit à porter une carrière. Je trouve ça hyper infantile comme procédé. Comme si on allait se dire « T’imagine si en plus il avait eu la chance d’aller au Beaux Arts? T’imagine si on l’avait soutenu? ». Alors que souvent ces artiste dont on fait la biographie ont eu un parcours moins bohème et surtout ont produit des œuvres qui ne nécessitent pas d’être enrobées dans une histoire qui laisse à penser qu’il y a un potentiel encore plus exceptionnel derrière leur auteur. Personnellement je ne pense pas qu’un Super Saïan dorme au fond de chaque artiste. Bref, l’article du magazine n’est pas aussi radical mais il a quand même les deux pied dedans. Catherine Francblin, son auteur, joue sur le fait que Villeglé ait été plus ou moins laissé de coté par l’institution, elle le cite « Je suis assez content d’avoir eu l’institution contre moi ». Il se vante de n’avoir ni Bac ni formation artistique, plus discrètement l’article nous rappelle qu’il a fréquenté les Beaux Arts de Rennes. On nous parle de « voyous » et de « canaille » alors qu’il est issu de l’aristocratie bretonne. Personnellement je n’ai rien contre personne, tant que les gens s’assume. Ce qui me saoule c’est les gens qui portent des masques alors qu’on subit assez les clichés et les préjugés.
Après ce coup de gueule je vais avoir du mal à vous convaincre que je suis allé au M.U.R. de très bon cœur. Après tout ce n’est qu’un article, ça ne change en rien ce que j’ai pu éprouver en voyant ses toiles marouflées. En fait j’ai même appelé quelques personnes pour m’y accompagner. Encore une fois, l’artiste que je venais voir était celui connu pour ses décollages/recollages/recomposition d’affiches. Quel meilleur terrain que ce M.U.R. ? L’affiche précédente était celle de Pisa 73 et Evol. Et je pense qu’il y en avait quelques autres en dessous. Une action au cutter? Une sorte de performance où l’artiste arrache à même le mur pour y recoller. Tel un Tir de Nikki de Saint Phalle où la destruction partielle de l’œuvre participe à sa création? Je n’ose l’espérer. Au moins un collage en plusieurs couches ou un repassage. DÉCEPTION ! Rien de tout ça. Il n’a pas joué de son support alors qu’il est à la source même du matériau qui l’a rendu célèbre. Une affiche toute simple. Fond blanc, quelques coups de bombes, des typos assez bof. Bah ouais papy, on ne s’improvise pas artiste de rue. Tout comme je trouve que certains « street artists » ne se foulent pas lorsqu’ils changent de décor et qu’ils entrent en galerie. Si une œuvre d’art est en dialogue avec son temps elle est aussi en dialogue avec son espace, le cadre dans lequel elle est présentée. Vive les artistes qui cassent les barrières et se baladent d’un support à l’autre, mais qu’ils n’oublient pas de s’appliquer.
Pour le reste c’était assez amusant de voir d’un coté le « maître » à la figure des plus sympathique entouré de photographe et de curieux et de l’autre, face au mur, ses « assistants » dont un en costume (mon préféré) en train de coller son affiche sur les 8 mètre qu’offre cet espace. Il y avait presque une sorte d’insolence assez plaisante vis à vis de cette pratique qui me tient à cœur. Un pied de nez à l’audace qu’ont parfois les artistes de rue.
Comme la longueur de ce texte peut le montrer, cette déception m’a quand même inspirée. C’est là que l’art est intéressant, lorsqu’il nous montre qu’il est capable de nous faire décoller de l’image pour stimuler notre imagination et nous plonger dans une rêverie teintée de quelques réflexions. Je comparerais ce moment aux quelques heures passées sur l’autoroute ce week-end, plutôt inintéressante en tant que tel, mais définitivement utile puisqu’elle m’ont amené à vivre quelques chose d’assez intense.
Je viens de finir mon texte et je découvre sur l’Ekoblog de Vito (décidément) que l’affiche a été dérobée . Bien sure je condamne ce genre de gestes. Pas parce qu’on a touché à son œuvre, ce qui est dans la rue appartient à la rue. Mais parce que ses auteurs sont allés trop loin ou pas assez. Quitte à l’arracher autant en faire du Villeglé et la recomposer, la recoller, en jouer. C’est comme le mec qui déclare avoir pissé dans l’urinoir de Duchamp et qui s’est en fait dégonflé pour y verser du thé! Mais là je ne vais même pas chercher à y voir un geste artistique, c’est évident qu’il s’agit juste d’argent, ou du moins d’une appropriation d’une œuvre qui était destiné au plus grand nombre. La victoire de l’individualisme sur la générosité du geste artistique me révolte toujours.
J’ai pas réussit à faire des photos géniales mais j’ai fait une vidéo. Juste besoin de temps pour la monter afin d’illustrer ce texte.
(Sorry guys, no translation this time. I’m a lazy person and pretty busy these days.)
Du panini au malabar / Let’s keep it childish (2/2)
Souvent quand je passe devant un collège j’aperçois autour des tags au marqueur Conté ou au Véléda. Des trucs vite fait. Des blases idiots, même des prénoms ou encore des insultes. Qu’on appelle ça Crack ou Toy, à ce niveau là j’y vois juste un geste spontané. Une signature sans prise de tête. Un truc brouillonné la veille, bien loin de se demander s’il faut le poster sur le net, si ça ressemble plus a un tag de New York ou de São Paulo, si on va capter qu’le « S » a été pompé sur untel. Un geste gratuit, que même l’auteur ne prend pas au sérieux. Un geste qui va souvent être oublié en grandissant.
[ D’un coup j’ai en tête une interview de Blek le Rat, où il parle de ses retour de l’école, une craie à la main qui trace une longue ligne sur son chemin http://fr.youtube.com/watch?v=B2D1kFS9TY4 ]
J’ai parlé de blases idiots, je crois. En fait ce sont mes préférés. Des petits tags locaux dont on ne parle jamais. Même ceux qui les font passent à autre chose au bout d’un mois. Pour moi c’est l’essence même des formes d’arts de rue. Quelque chose de naturel et de simple, qui ne se pose aucune question, accomplie instinctivement. Forcément, plus on s’y intéresse plus on y perd le naturel. Après on essaie de le combler par une culture. On essaie de se nourrir du naturel des autres. C’est exactement ce que je fais maintenant.
Depuis environ deux ans Malabar offre à nouveau des tatouages éphémères avec ses chewn-gum. Et depuis j’ai un nouveau plaisir. Un truc complétement idiot. Un de ces trucs dur a expliquer aux autres. Un plaisir égoïste et gratuit.
Dans les rues de Paris, on peut voir les fameux tatoo Malabar collé sur les murs, à la hate. Une connerie de gosse faite sur le chemin entre la boulangerie et le parc. J’adore ça. J’vois ça comme une version plus jeune des tags collegiens. J’me dis que dans le lot certains y prendront goût. J’me dis aussi qu’y aura de la relève pour coller des stickers d’ici peu.
Mais mon vrai plaisir est un peu plus rare, plus discret. Il arrive que le tatoo soit posé, sans qu’on est retiré le papier. Comme une grenade encore goupillée. Comme un Banco qu’on aurait jeté sans le gratter. J’en ai remarqué plusieurs à force de scruter les stickers sur les poubelles et les gouttières. Depuis je les chasse plus ou moins. Ça paraît peut être ridicule, mais ça me rend tout foufou de décoller le papier abandonné sur le mur et de découvrir l’image qui s’y cache.
Let’s keep it childish (2/2)
When I wander around High Schools I often see some graffitis made with basic markers, some crazy nicknames, sometimes it’s just first names or even gross words. You can call it crack or toy. I’d rather call this spontaneity. A quick signature which doesn’t care about being on Flickr or Wooster, which doesn’t think about its style, which doesn’t have a real importance for its author. Most of the time the author will even forget about it.
[ That remind me a really well done interview of Blek le Rat speaking about his way back home after school, leaving a long chalk-line on walls http://fr.youtube.com/watch?v=B2D1kFS9TY4 ]
This graffitis can look like stupid things. They certainly are. Where did I read « stupid people do stupid things »? Can I say that stupid people love stupid things? Never mind, this shit is what I love. That’s the core of every form of art you can find in the street. A natural and simple act, purely instinctive, wich got for only goal to be itself.
Since a couple of years Malabar, a chewn-gum brand gives a fake tatoo inside of its product. This is at the origin of a new pleasure I have. Something really selfish. Something hard to explain.
Sometimes you can see on walls these tatoos, I noticed it while I was seeking for new stuff on walls. Someone put them here, quickly, they are often kinda low. A childish act, made between the bakery and the park, something done during the snack time, during this moment of freedom, as a mark of simple pleasure. I believe that among all these kids doing it instinctively, some will keep this sensation and make stickers or posters later. There is still some hope for our activity.
[ http://www.fotolog.com/deace/32744927 seeing that Malabar doesn’t hesitate to still a real graffiti to make its new collection I start to believe that they took concience of the Street potential of there tatoos ]
In fact my real pleasure is even more rare and discret. It happens that the tatoo is abandonned on the wall with its protective layer. Like a grenade still armed. My darling sin is to take of this layer and discover the image wich was hidden under. To me it’s like putting a turtle back on its feet.